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de nombreux autres fuyards. Ils ont traversé la Save en bateau, puis ont rejoint Zagreb (Croatie), où ils se sont annoncés comme réfugiés. Pour sa part, le requérant a dû rester à Modrica dans la mesure où seuls les femmes et les enfants musulmans et croates étaient autorisés à quitter la ville; il a donc poursuivi ses activités professionnelles jusqu'au 28 avril 1992. A cette date, il s'est rendu à Belgrade. Lors de ce déplacement, il a appris que l'armée serbe avait déjà pris Brcko, et qu'elle était en mouvement pour Modrica. Deux ou trois jours après son arrivée à Belgrade, Modrica a été prise à son tour de sorte que tout retour à son domicile était exclu. Dépourvu de papiers militaires valables, il lui était administrativement impossible de quitter la Serbie. Il a alors contacté une entreprise de voyage qui lui a remis les documents de voyage nécessaires pour se rendre à l'étranger. Après avoir passé six jours à Belgrade, il s'est rendu en Croatie, via la Hongrie et l'Italie. A Zagreb, il a retrouvé sa femme et ses enfants qui logeaient chez l'un de ses beaux-frères. L. K. et ses enfants étaient enregistrés comme réfugiés auprès des autorités croates, tandis qu'O. K. a résidé auprès d'eux clandestinement (avant et après son bref retour à Modrica, intervenu entre la mi et la fin juin 1992). Ils ont ainsi vécu plus d'un an à Zagreb, les enfants y étant scolarisés. Lorsque le plan Owen a été adopté, la situation s'est dégradée en Croatie pour les réfugiés bosniaques. Craignant pour leur vie, les intéressés ont quitté ce pays pour l'Autriche, le 28 juillet 1993, empruntant divers moyens de transport. A Vienne, ils ont pris le train en direction de Bâle et sont entrés clandestinement en Suisse le 2 août 1993.

Par décision du 16 décembre 1993, l'ODR a rejeté les demandes d'asile, prononcé le renvoi, et mis les intéressés au bénéfice du statut de personnes admises provisoirement en Suisse de manière collective, en raison de leur précédant domicile en Bosnie, et ce en application de l'arrêté du Conseil fédéral du 21 avril 1993.

Dans leur recours administratif du 10 janvier 1994, les intéressés ont conclu à l'annulation de la décision attaquée et à l'octroi de l'asile, subsidiairement au prononcé, à titre individuel, d'une admission provisoire en Suisse. Les intéressés ont fait notamment valoir que si, avant la guerre, leur ville d'origine était bien peuplée à raison de 80% de non-Serbes, cette proportion était depuis lors tombée à zéro, de sorte que, compte tenu des conflits inter-ethniques en cours au moment du dépôt de leur recours, un retour à Modrica n'était pas envisageable. Enfin, le caractère mixte de leur couple constituait, de leur avis, également un obstacle à leur retour en Bosnie-Herzégovine au vu de l'intolérance interethnique et interconfessionnelle y régnant.