1998 / 22  - 192

previous next


d'une partie de cet Etat (C. Piguet, La guerre civile en droit international, Lausanne 1982, p. 18), mais elle ne connaît pas non plus une situation de violences généralisées, analysée comme une extension du concept de guerre civile.

En effet, suite au renversement du gouvernement du président Mengistu Haile Mariam, en mai 1991, le nouveau gouvernement de transition, présidé par Meles Zenawi, et dirigé par l'Ethiopian People's Revolutionary Democratic Front (EPRDF) s'est attaché à mettre en place de nouvelles structures étatiques tout en essayant d'assumer les difficultés provenant de l'héritage de nombreuses années de guerres fratricides, de la multiplicité des ethnies (quatre-vingts, parlant deux cent nonante langues), d'une famine endémique et d'une économie délabrée. Les anciens guérilleros du Tigray People Liberation Front (TPLF), l'une des composantes de l'EPRDF, ont été intégrées dans les forces de sécurité du nouveau régime. L'EPRDF et les groupes politiques qui lui sont liés se sont heurtés à l'opposition d'autres organisations politiques, dont la plupart avaient une base ethnique et certaines des forces armées.

c) Le processus de démocratisation entamé en 1992 a permis que de réels progrès, même s'ils sont insuffisants, se réalisent dans le domaine des droits de l'homme; on peut en dire autant des libertés individuelles dont l'exercice reste cependant mal assuré. Ce pays connaît encore des troubles, provoqués essentiellement par une opposition, fragmentée à l'extrême, ainsi que par les débordements des autorités en place. Les dirigeants du pays, sensibles aux revendications identitaires des diverses ethnies, gardent le cap dans leur politique de prudente démocratisation, tout en maintenant en détention des dirigeants de mouvements d'opposition considérés comme des "délinquants de droit commun". Adoptée au mois de décembre 1994, la nouvelle constitution illustre l'audace calculée dont fait preuve le nouveau pouvoir: le droit à l'autodétermination et à la sécession est reconnu aux dix régions de la nouvelle fédération éthiopienne découpée selon des critères ethnico-linguistiques, mais est soumis parallèlement à diverses conditions (majorité qualifiée au sein des parlements locaux, référendum, délai, etc.) qui rendent son exercice aléatoire. Il n'en demeure pas moins que les entités régionales, de même que la capitale multi-ethnique Addis-Abeba, bénéficient aujourd'hui déjà d'une large autonomie dans le nouvel Etat fédéral. Parmi la vingtaine d'organisations regroupées au sein de l'EPRDF, les quatre principales élues en janvier 1995 au Comité central de l'alliance sont le TPLF, l'Amhara National Democratic Movement (ANDM), l'Oromo People's Democratic Organization (OPDO) et