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fusils de chasse, etc. - sans compter les baïonnettes et autres couteaux
de commando) n'ayant pas été touchées par les mesures de démilitarisation.
Dans la matinée du 12 juillet 1995, les premiers soldats serbes bosniaques sont arrivés
à la base de l'ONU à Potocari. Sur les ordres et en présence du général Ratko Mladic,
les soldats serbes bosniaques ont séparé les hommes des femmes et des enfants, et
commencé l'évacuation des Musulmans bosniaques, au moyen de 50 à 60 cars et camions,
vers la zone musulmane bosniaque. Cependant 1'500 personnes environ ont été empêchées
de partir, exécutées sur place ou emmenées pour être fusillées. Des enfants ont eu la
gorge tranchée sous les yeux de leurs mères; des femmes ont été violées et tuées. La
plupart des hommes et des garçons ont été transportés à Bratunac, puis sur les
"terrains d'exécution". Les corps des victimes sommairement exécutées dans et
autour de la base de l'ONU ont été abandonnés sur place et dans des bâtiments sis à
proximité. Ces massacres arbitraires ont suscité une terreur et une panique telles,
parmi les Musulmans réfugiés à Potocari, que certains se sont suicidés et tous les
autres ont accepté de quitter l'enclave. L'évacuation des Musulmans valides a pris fin
le 13 juillet 1995.
Le second groupe de Musulmans, constituant une colonne humaine s'étirant sur dix
kilomètres environ, a été attaqué dès qu'il eut pénétré dans les zones
contrôlées par l'armée serbe bosniaque; il s'est divisé en sous-groupes en raison des
embuscades serbes. Seul un tiers, essentiellement d'anciens soldats, a atteint Tuzla sain
et sauf. Les autres ont été pris au piège derrière les lignes serbes. Des milliers de
personnes sont mortes déchiquetées par les mines et les obus, mitraillées, exécutées
et égorgées. Des infractions d'une gravité indescriptible au droit humanitaire ont
été commises par les Serbes; ceux qui durent abandonner leur fuite désespérée furent
souvent torturés et mutilés (nez, lèvres, oreilles tranchés, etc.) avant d'être
exécutés soit sur leur lieu de capture, soit sur l'un des différents sites utilisés
pour les exécutions de masse, à Karakaj et dans les environs.
Le bilan de cette tragédie se chiffrerait entre 6'000 et 8'000 disparus dont la plupart
sont probablement décédés (Amnesty International, Bosnie-Herzégovine : "Pour
pouvoir enterrer mes frères", Londres, 10 juillet 1996; Le Nouveau Quotidien, 4
juillet 1996; Le Monde, 27 juin 1996; L'Hebdo, 18 avril 1996, Srebrenica, ce que le CICR
savait, p. 8 à 18; Human Rights Watch/Helsinki, Bosnia-Hercegovina: the fall of
Srebrenica and the failure of U.N. Peacekeeping, octobre 1995, p. 27ss; Amnesty
International, Rapport 1996, Editions francophones, p. 90s).
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