1996 / 20 - 205

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En ce qui concerne plus spécifiquement la capitale, Luanda, il sied de mettre en exergue qu'une population de 2 à 3,5 millions d'âmes y vit actuellement dans des infrastructures construites pour environ 400'000 à 500'000 personnes (Auswärtiges Amt, Bonn, rapport précité du 29 décembre 1995, p. 6; Africa, Lonely Planet Guide, Hawthorn/Australie, mai 1995; Africa Report, The World's Worst War, janvier/février 1994). La ville est cernée de bidonvilles de personnes déplacées et sans emploi pour la plupart. Compte tenu de la pauvreté ambiante et de la déliquescence sociale (cf. Le Monde du 20 octobre 1995), la sécurité y est toute relative, de sorte que les entreprises privées de surveillance et de protection s'y développent. Les ressortissants zaïrois d'Angola, les Angolais rentrés du Zaïre et les Bakongos (pluriel de Mukongo) originaires du nord-ouest - désignés tour à tour sous le vocable infamant de "Zairenses" -, ne maîtrisant ou ne connaissant guère le portugais, et vivant traditionnellement du commerce, trouvent à Luanda, dans les quartiers habités par plusieurs centaines de milliers de membres de leurs groupes ethniques et grâce aux traditions de solidarité, des conditions de vie comparables, parfois même supérieures, à celles de la population majoritairement mbundu de la capitale (Le Monde du 20 octobre 1995). Contrairement à certaines rumeurs, et en dépit de rivalités plus sociales qu'ethniques, il n'existe aucun indice que des mesures de discrimination ou de persécution aient, depuis la signature du Protocole de Lusaka, été lancées par les autorités gouvernementales ni directement, ni indirectement contre ces groupes de population minoritaires à Luanda, qui sont d'ailleurs représentés dans toutes les structures étatiques; il en est de même des 112'000 réfugiés et demandeurs d'asile déboutés qui étaient rentrés en Angola à mi-juillet 1995 (Auswärtiges Amt, Bonn, rapports précités du 29 décembre 1995, p. 4 et p. 7s, et du 25 mars 1995, p. 3s et p. 8ss; Amnesty International, section suisse, lettre du 24 janvier 1996).

e) Au regard de l'analyse qui précède, la commission considère que d'une manière générale l'exécution du renvoi dans les régions sous contrôle de l'UNITA ou à proximité des lignes de démarcation n'est, à l'heure actuelle, pas raisonnablement exigible. Dans les autres régions, et en l'absence de risques spécifiques tirés d'un profil de responsable ou de membre important de l'opposition au gouvernement angolais, ou encore de journaliste critique du gouvernement, les garanties pour un retour au pays dans la sécurité sont suffisantes, à tout le moins dans la capitale angolaise et les grandes agglomérations côtières (à l'exception de celles du Nord, Soyo et Cabinda). Les conditions de vie à Luanda, caractérisées par des difficultés sérieuses, ne sont pas telles qu'il faille exclure de l'exécution du renvoi, pour des raisons humanitaires, les personnes célibataires, jeunes et en bon état de santé. Il