1996 / 11 - 89

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familiaux graves ne pourra, surtout s'il a été clandestin, automatiquement occasionner la déchéance du statut de réfugié (cf. E. D'Aoust, op. cit., p. 3).

6. - En l'occurrence, le recourant reconnaît être retourné au Vietnam, pays dont il a la nationalité, de son plein gré et après avoir obtenu du consulat compétent un visa, de sorte que la première condition précitée - à savoir un retour volontaire - est remplie.

En revanche, au vu du motif à l'origine de ce retour tel qu'il ressort de l'audition du 27 mars 1992, de la lettre et du recours datés du 18 mai 1992, ainsi que des déterminations du 19 juillet 1994, il n'est pas possible de déduire que l'intention du recourant était de se réclamer à nouveau de la protection du pays d'origine. Au contraire, sa seule motivation consistait à revoir son père âgé de 85 ans, alors mourant, pour accomplir un devoir de piété filiale d'autant plus compréhensible au regard de sa foi et de sa qualité de prêtre. Cette appréciation est corroborée par le fait que le voyage entrepris a été l'unique séjour de l'intéressé dans son pays d'origine; aucun indice ne laisse en effet à la commission de céans supposer le contraire. 

Au surplus, on ne saurait, dans le cas d'espèce, interpréter la délivrance d'un visa par les autorités consulaires vietnamiennes comme une demande de protection du pays d'origine qui aurait été couronnée de succès. D'une part, l'autorisation accordée l'a été à titre exceptionnel et humanitaire. D'autre part, il sied de préciser que le Vietnam, en dépit de sa nouvelle politique d'économie de marché visant à favoriser les investissements étrangers, a affirmé vouloir rester, en matière de droits de l'homme, maître en sa demeure, notamment en réglant à sa manière les conflits latents ou ouverts, avec les dissidents, comme les bouddhistes du Centre et du Sud ainsi que la haute hiérarchie catholique (L'Etat du Monde, Edition 1996, Annuaire économique et géopolitique mondial, Paris 1995, p. 298). Cette attitude défensive se caractérise par des restrictions gouvernementales frappant la liberté des cultes (approbation des nominations de l'ensemble du clergé catholique, censure des sermons, limitations à la liberté de mouvement des prêtres) et par une surveillance étroite des religieux susceptible d'être assortie de mesures d'intimidation, voire d'arrestations arbitraires et de procès dénués d'équité; les religieux vietnamiens de retour au pays sont, en particulier, soumis à un contrôle renforcé, les autorités craignant qu'ils n'expriment des critiques sur le déficit démocratique des institutions (Amnesty International, Rapport 1995, Editions francophones, p. 346ss; Human Rights Watch World Report 1995, Events of 1994, New York 1995, p. 172ss). Dans ces conditions, la