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préalable de passer en revue le contexte politique dans lequel est censée s'inscrire leur demande d'asile.

4. - Depuis 1988, le régime de l'ancien président Siad Barré, a été confronté à une progressive dégradation de son pouvoir fondé sur un système d'alliances féodales, voire "familiales". Cette dégradation a été caractérisée par une recrudescence des tensions claniques, des attaques armées de troupes dépendant de mouvements d'opposition, une insurrection de l'armée somalienne qui, à partir de juillet 1989, s'est étendue dans le sud du pays, des purges, des combats entre forces armées qu'elles soient de l'opposition ou du gouvernement, des émeutes, des pillages et autres violences de bandes non contrôlées. La zone d'influence du président Siad Barré ne dépassait pas le périmètre du quartier de Mogadiscio où était sis le palais présidentiel, lorsque le 27 janvier 1991, les troupes de l'USC (United Somali Congress) ont provoqué la chute et la fuite du chef de l'Etat et de ses proches. C'est dire que la Somalie avait plongé dans une situation d'anarchie déjà depuis plus d'une année. Un "président par intérim" a été proclamé, dès le 29 janvier 1991, en la personne d'Ali Mahdi Mohamed, membre du comité de l'USC, et issu du sous-clan des Abgal, lequel appartient lui-même au clan des Hawiye. Cependant, cette nomination a été immédiatement contestée par les autres mouvements d'opposition, issus de clans concurrents, alors qu'à Mogadiscio éclataient des combats entre deux factions de l'USC. Le général Mohamed Farah Aïdid, qui appartient au sous-clan des Habar Gedir (tribu des Reer Jalaf), lequel est également rattaché au clan des Hawiye, a pris la tête de la faction de l'USC opposée au gouvernement d'Ali Mahdi Mohamed; la scission a été consommée en mai 1991. En novembre 1991, après la nomination au gouvernement de représentants du SPM (Somali Patriotic Movement) et du SDM (Somali Democratic Movement), donc issus respectivement du clan Darod (sous-clan Ogaden) et du clan Rahanweyn ayant soutenu le régime de Siad Barré, les troupes du général Aïdid se sont lancées dans une vaste offensive pour le contrôle de Mogadiscio, se heurtant à celles du président intérimaire dans des combats qui vont en quatre mois, jusqu'au début 1992, entraîner plusieurs dizaines de milliers de morts et de blessés. En août 1992, le général Aïdid a formé la SNA (Somali National Alliance) regroupant certains mouvements ou factions de mouvements (USC). Ni l'opération "Restore hope" décidée sous l'égide de l'ONU (résolution 794 du 3 décembre 1992 sur l'intervention humanitaire en Somalie), ni l'opération UNOSOM 2 (qui a pris fin en mars 1995) n'ont réussi à faire cesser les hostilités et à désarmer, respectivement démobiliser toutes les factions armées, même si par une pacification partielle elles ont permis l'acheminement de l'aide humanitaire aux