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(Résistance passive au Kosovo, Le Monde, 10 novembre 1993), malgré
les tentatives serbes visant à freiner, cas échéant par des mesures
d'intimidation, leur développement. Le fait que plusieurs confrontations
armées ont eu lieu en 1993 ne permet pas encore de conclure à
l'existence d'une opposition armée, organisée et systématique marquant
la fin de la politique de résistance pacifique des Albanais du Kosovo. Il
s'agit, selon l'appréciation de l'autorité de céans, d'actes isolés
qui ne découlent pas d'un appel à la résistance armée. A cet égard,
force est de constater que malgré les distributions massives, par l'armée
fédérale, d'armes aux civils serbes, qui se livrent fréquemment à des
tentatives d'intimidation sur la population albanaise, le Kosovo n'a pas
basculé dans la guerre civile, à savoir dans un conflit armé interne
mettant aux prises le gouvernement établi avec un ou plusieurs mouvements
insurrectionnels dont les buts tendent soit à renverser le gouvernement
ou le régime de l'Etat, soit à obtenir la sécession d'une partie de cet
Etat (cf. C. Piguet, La guerre civile en droit international, Lausanne
1982, p. 18) ni dans une situation de violence généralisée; il se
trouve au contraire dans une situation de calme tendu ("gespannte
Ruhe" selon les rapports des 8 juin et 20 septembre 1993 de l'Auswärtiges
Amt, Bonn).
d) Ce constat est corroboré par le Haut Commissariat pour les réfugiés
des Nations Unies (HCR) dans ses prises de position des 12 juin 1992, 12 février
et 17 décembre 1993, et 29 avril 1994. Cette organisation a clairement
indiqué qu'abstraction faite des réfractaires et déserteurs qui
auraient refusé de se soumettre à un appel effectif sous les drapeaux
durant le 2e semestre 1991 et le 1er semestre 1992, ses recommandations
portant sur l'octroi d'une protection temporaire aux "réfugiés de
la guerre" ne s'appliquaient pas aux Albanais du Kosovo étant donné
l'absence, dans cette province, d'une guerre ouverte ou de violences généralisées
("open warfare or civil strife", rapport du 12 juin 1992), et ce
malgré la volatilité de la situation qui y règne depuis 1989. Elle a précisé
dans son document du 12 février 1993 que les violations des droits de
l'homme se poursuivaient dans de nombreux domaines, en particulier en matière
d'emploi; si certains licenciements étaient, à son avis, justifiés par
des raisons économiques, le risque de pertes d'emploi causées par le
refus d'allégeance au gouvernement serbe, voire par l'absence d'un
soutien suffisant à sa politique, persistait avec toutes les conséquences
néfastes que cela suppose sur le plan du logement et des assurances
sociales. Aussi, en guise de conclusion, cette organisation internationale
a-t-elle recommandé aux Etats tiers de prendre en considération, sur la
base d'un examen individuel des cas, les situations de discriminations
cumulatives, pour des raisons politiques ou analogues, dans la détermination
du statut de réfugié, et en matière de renvoi,
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