1994 / 18 - 142

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importe de souligner qu'un accord a été trouvé en 1993 entre le gouvernement érythréen et l'ONU, accord aux termes duquel 262 millions US$ seront versés en faveur d'un programme - étalé sur trois ans et sept mois - d'aide au rapatriement des réfugiés actuellement au Soudan combiné avec une aide aux populations indigènes ainsi qu'à la réintégration des 70'000 réfugiés déjà rentrés au pays (Programme for Refugee Reintegration and Rehabilitation of Resettlement Areas in Eritrea (PROFERI), Joint government of Eritrea and United Nations appeal for Eritrea, juin 1993, vol. I, résumé, p. 1 et annexe 1). D'autres projets, financés notamment par la Banque Mondiale, ont été lancés pour l'Erythrée en 1993, l'accession à l'indépendance de ce pays étant de nature à dynamiser ce processus.

Dans ces circonstances, la commission de céans estime que l'argument soulevé par la recourante relatif aux difficultés socio-économiques que traverse l'Erythrée ne saurait à lui seul suffire à reconnaître l'inexigibilité de l'exécution du renvoi. Elle ne peut cependant ignorer la situation socio-professionnelle et familiale de l'intéressée et doit encore examiner si, au regard de cette situation, E. O.l et ses enfants pourraient, en cas de retour en Erythrée, être soumis à une mise en danger concrète de leur vie ou de leur intégrité physique. 

e) - Il ressort du dossier de la cause que la recourante est mariée, mère de deux enfants nés en Suisse, un fils âgé de trois ans et une fille adultérine née il y a une année et demie. A Asmara, elle aurait encore ses parents et ses soeurs. Son époux, dont elle vit séparée depuis août 1990, a disparu et elle ignore s'il est toujours vivant. 

Le statut de femme seule de la recourante avec deux enfants en bas âge serait problématique en cas de renvoi à plus d'un titre. Sur le plan professionnel, indépendamment du fait que le taux de chômage est très élevé en Erythrée, la recourante serait dans l'impossibilité d'exercer actuellement une activité lucrative, si modeste soit-elle, vu l'âge de ses enfants. L'absence du mari serait également lourde de conséquence, en particulier parce que la recourante se verrait ainsi privée de ressources financières. Certes l'Erythrée, à l'instar de l'Ethiopie, connaît le modèle traditionnel de la famille étendue, sous une forme plus ou moins marquée, même si elle tend à disparaître du fait des conséquences notamment de la guerre et de la famine de ces dernières années: le devoir d'assistance à la parenté, encore vivace, comporte toutefois comme corollaire le contrôle social et les attentes familiales et sociales qu'il s'agit de satisfaire, avec une prédominence des intérêts masculins. Quand bien même il