1994 / 18 - 143

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arrive souvent que des enfants nés hors mariage soient élevés, temporairement ou durablement par d'autres membres de la famille que leur père et mère, les conséquences sociales pour la mère d'un enfant né hors mariage peuvent être plus graves lorsque le père de l'enfant n'est pas connu, et a fortiori, lorsqu'une femme mariée, vivant séparée de son mari, donne naissance à un enfant adultérin, surtout si la famille vit proche du seuil de pauvreté (cf. à ce propos Rapport de l'Organisation suisse d'aide aux réfugiés (OSAR) intitulé Aethiopien: Informationen für HilfswerksvertreterInnen im Asylverfahren, de Q. Müller, décembre 1992, p. 17ss, et spéc. p. 21 et 23). Dans ces conditions, la commission estime que les craintes émises dans le recours par E. O. d'être exclue de son milieu familial, voire de subir des représailles de la part de son époux - à supposer qu'il réapparaisse - ne sauraient être écartées sans autre. Dans la mesure où, de surcroît, les parents de l'intéressée sont âgés, et qu'un soutien de la part des soeurs demeurées à Asmara n'est pas certain, celle-ci ne pourra en cas de retour en Erythrée compter que sur ses propres forces. Dans ces conditions, la commission se doit de mettre les circonstances du présent cas en relation avec la situation sanitaire et médicale prévalant en Erythrée à l'heure actuelle. A cet égard, même s'il existe des disparités relativement importantes entre les provinces et régions du pays, respectivement entre les villes et les campagnes, il n'en demeure pas moins que l'eau n'est que rarement potable (moins de 30% dans les villes, moins de 12% dans les campagnes, source: SEPHA, op. cit., p.10). Les risques pour les rapatriés de contracter la malaria (Plasmodium Falciparum) endémique, au quotient de fatalité élevé pour les enfants de moins de cinq ans, plus importants dans les basses terres, ne sauraient être exclus à Asmara ou ailleurs. La mauvaise qualité de l'eau et des installations sanitaires est également responsable de nombreux cas de diarrhée, potentiellement susceptible de provoquer des dommages à la santé plus importants que le choléra (PROFERI, op. cit., p. 36s). Ceci étant, rien ne permet de conclure que E. O.l aurait aujourd'hui, à son retour en Erythrée, les moyens de subvenir aux besoins vitaux, alimentaires et sanitaires notamment, de sa famille monoparentale.

Si la commission exige un certain sacrifice de la part des recourants dont l'âge et l'état de santé doit leur permettre, en cas de retour, de surmonter les difficultés initiales pour se trouver un logement et un travail qui leur assure le minimum vital, un tel effort ne saurait être exigé, pour l'heure, de la part de la recourante en raison du fait que son refoulement dans son pays d'origine, compte tenu des circonstances qui viennent d'être exposées, reviendrait à mettre en danger sinon elle-même, du moins ses enfants. Dès lors, considérant au surplus que le sort de la mère et des enfants doit être le même en vertu du