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arrive souvent que des enfants nés hors mariage soient élevés, temporairement ou durablement par d'autres membres de la famille que leur père et mère, les conséquences sociales pour la mère d'un enfant né hors mariage peuvent être plus graves lorsque le père de l'enfant n'est pas
connu, et a fortiori, lorsqu'une femme mariée, vivant séparée de son
mari, donne naissance à un enfant adultérin, surtout si la famille vit proche du seuil de pauvreté
(cf. à ce propos Rapport de l'Organisation suisse d'aide aux réfugiés (OSAR) intitulé
Aethiopien: Informationen für HilfswerksvertreterInnen im Asylverfahren, de Q. Müller, décembre 1992, p. 17ss, et spéc. p. 21 et 23). Dans ces
conditions, la commission estime que les craintes émises dans le recours par E. O. d'être exclue de son milieu
familial, voire de subir des représailles de la part de son époux - à supposer qu'il réapparaisse - ne sauraient être écartées sans
autre. Dans la mesure où, de surcroît, les parents de l'intéressée sont âgés, et qu'un soutien de la part des soeurs demeurées à Asmara n'est pas
certain, celle-ci ne pourra en cas de retour en Erythrée compter que sur ses propres
forces. Dans ces conditions, la commission se doit de mettre les circonstances du présent cas en relation avec la situation sanitaire et médicale prévalant en Erythrée à l'heure
actuelle. A cet égard, même s'il existe des disparités relativement importantes entre les provinces et régions du
pays, respectivement entre les villes et les campagnes, il n'en demeure pas moins que l'eau n'est que rarement potable
(moins de 30% dans les villes, moins de 12% dans les campagnes, source:
SEPHA, op. cit., p.10). Les risques pour les rapatriés de contracter la malaria
(Plasmodium Falciparum) endémique, au quotient de fatalité élevé pour les enfants de moins de cinq ans, plus importants dans les basses
terres, ne sauraient être exclus à Asmara ou ailleurs. La mauvaise qualité de l'eau et des installations sanitaires est également responsable de nombreux cas de diarrhée, potentiellement susceptible de provoquer des dommages à la santé plus importants que le choléra
(PROFERI, op. cit., p. 36s). Ceci étant, rien ne permet de conclure que E. O.l aurait
aujourd'hui, à son retour en Erythrée, les moyens de subvenir aux besoins
vitaux, alimentaires et sanitaires notamment, de sa famille monoparentale.
Si la commission exige un certain sacrifice de la part des recourants dont l'âge et l'état de santé doit leur
permettre, en cas de retour, de surmonter les difficultés initiales pour se trouver un logement et un travail qui leur assure le minimum vital, un tel effort ne saurait être exigé, pour
l'heure, de la part de la recourante en raison du fait que son refoulement dans son pays
d'origine, compte tenu des circonstances qui viennent d'être exposées, reviendrait à mettre en danger sinon elle-même, du moins ses
enfants. Dès lors, considérant au surplus que le sort de la mère et des enfants doit être le même en vertu du
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